lundi 6 août 2012

Vroum vroum vroum sur mon tit-bicycle...

Ça vient d'où cette chanson? (K., tu le sais?)

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Je reviens tout juste d'une balade à tricycle. Bon, je mets ça au clair, JE ne me balade pas en tricycle (je me réserve ça pour mes 75 ans!), mais c'est plutôt X-Boy!!! Oui oui, vous avez bien lu! X-Boy a reçu, en prêt, un rutilant vélo à trois roues de la part de N., son éducatrice-spécialisée adorée. La semaine dernière, quand elle est arrivée avec ça à la maison, j'étais sceptique. Et enthousiaste à la fois.

Je me disais: et si X-Boy "comprenait" comment pédaler? Et si X-Boy se tenait VRAIMENT bien droit sur le siège? Et si X-Boy tenait le guidon à DEUX mains? (Ce qui relèverait d'un exploit en soi!)?

Bref, je n'ai pas laissé les ??? me tarauder les neurones bien longtemps et dès que la rencontre avec N. s'est terminée, j'ai installé X-Boy sur son nouveau bolide. Je lui ai mis son casque, l'ai bien attaché à la taille avec la ceinture et je l'ai poussé dans la cour.

Résultat: X-Boy a mis ses DEUX mains sur les poignées, a lâché un éclat de rire qui résonne encore dans les nuages floconneux et a levé la tête bien droit, l'air de dire: Alors, la mère, tu attends quoi? Fais-moi rouler!!! (Parce que bon, je ne comprends pas encore le pédalier... laisse-moi un mois, tsé...)

Et j'ai poussé mon gamin sur l'asphalte! À l'entendre rire, j'ai osé aller dans la rue! Et au parc, tiens, tant qu'à sortir.

J'étais fière, ça ne se décrit pas. Oui enfin, ça se décrit. J'avais envie de hurler aux autres nuages floconneux encore disponibles pour une émotion franchement sentie ou de m'asseoir sur le bord du trottoir et de pleurer un bon coup.

Parce que c'est ça, être une maman d'enfant handicapé. Ça t'amène dans les zones extrêmes des neurones émotives. La fierté de voir mon fils ENFIN sur une bébelle "normale", voire un engin que tous les enfants ont dans leur cabanon et sur lequel ils apprennent, eux aussi, à pédaler. La fierté de voir mon fils sur un tricycle qui n'est pas "trop" modifié. Une ceinture à la taille et des fixations en bois et velcro pour que ses pieds rejoignent les pédales, c'est rien. La fierté de sortir avec mon fils "dehors" sans le pousser dans sa poussette adaptée. Sans que tous les regards s'interrogent sur le bolide. Sans que je ressente cette envie d'expliquer que oui, c'est une poussette plus grande pour un enfant plus grand. Non, il ne marche pas encore. Oui la tablette fait "handicapé". Non, il ne parle pas encore. Oui, il porte des lunettes "en plus de". Non, je ne le savais pas pendant ma grossesse. (Pus capable de cette question-là!!!)

Bref, pour la première fois, je pouvais me promener et n'attirer que des regards complices, des regards encourageants. Des regards "normaux" sur un enfant, qui, comme tous les autres, a besoin des trois roues pour se sentir en sécurité...

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Aujourd'hui, j'ai croisé un voisin et ses deux filles. Nous les connaissons plutôt bien et ils sont toujours remplis d'admiration pour notre "univers". Mais ce matin, fallait voir le visage du père s'éclairer. Il est accouru vers X-Boy et lui a tapé le casque en disant: "Ah ben regarde-moi ça, ce grand garçon-là qui fait du tricycle ce matin!!!"

Une de ses deux filles était encore dans la maison. Il a crié son nom pour qu'elle vienne voir X-Boy. Elle est sortie aussitôt! Les deux filles étaient extatiques et elles aussi, elles ont donné une petite tape sur le casque de X-Boy. Puis, les questions se sont dirigées vers nos vacances cet été. Comment se sont-elles passées? Vous supportez bien la chaleur? X-Boy se baigne beaucoup?

Pas UNE question sur l'état de X-Boy. Niet.

Le père a demandé: je peux le pousser un peu? X-Boy a lâché un cri. Entre hommes, on essaye nos bolides, c'est bien connu.

Il l'a poussé à toute vitesse dans la cour. X-Boy a éclaté de rire. Les filles aussi. Et moi, j'étais émue, mais je l'ai bien caché. (Une experte oui!)

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J'ai repris mon chemin vers la maison en courant.

X-Boy a ri aux larmes. Pour la première fois. Il n'en pouvait plus tellement c'était drôle.

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Mais moi je crois qu'il n'en pouvait plus, lui non plus, d'être différent. Alors il s'est laissé aller dans la franche rigolade et il a sûrement battu un record olympique, ce matin.

En effet, à Ste-Banlieue, il n'y a plus d'espace disponible pour le bonheur dans les nuages floconneux.

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Mais le ciel est grand. Alors par chez vous, vous trouverez sûrement un coin pour accrocher votre petit bonheur, peu importe ce qu'il sera.

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3 commentaires:

  1. Toi ma belle, tu viens de me faire verser une larme de bonheur!! Bravo à ton beau X-Boy, et bravo à toi de nous partager ces petits moments d'extases si importants dans notre univers parallèle!

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  2. C'est moi qui pleure maintenant, je comprends tellement!!! Bravo X-Boy!!! Je vous en souhaite tout plein de beau moment comme celui là.

    Julie

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