jeudi 28 janvier 2010

Réflexions de salle d'attente...

Puisque X-Boy est un pro des salles d'attente à Ste-Justine, c'est-à-dire qu'il se colle contre nous et qu'il sourit aux passants (surtout aux passantes!), je peux observer la vie autour de moi. Et réfléchir.

Il n'est donc pas vrai que les comparaisons sont néfastes et entraînent l'envie. Que nenni, dirais-je avec mon accent de vieille française. (passé la trentaine, on peut faire ce qu'on veut!)

Hier, alors que nous étions en ophtalmologie (là où il y a le mur qui explique les problèmes oculaires de grands peintres tels Manet et Van Gogh... je veux cette affiche!), il y avait ce petit bonhomme au nez aplati comme les héros de l'heure du film Avatar... Qui plus est, il avait les yeux presque sur le côté de la tête, et je me suis dit, ouais. La vie est étrange. Ce qui est encore plus étrange, c'est que ses deux parents étaient les plus sympathiques et les plus attachés à leur enfant.
D'autres parents qui n'étaient là que pour corriger un strabisme sur leur môme pétant de santé, gueulaient sans arrêt après ce dernier et gueulaient même après leur conjoint. La grande classe, quoi.
Face à nous, il y avait aussi ce petit bonhomme de deux ans (on apprend toujours les âges dans une salle d'attente) probablement paralysé cérébral qui jouait avec son biberon et qui était plus habile que X-Boy pour se le mettre à la bouche, ce qui est fascinant, non? Et la mère de ce petit bout de garçon était tout sourire avec dans les yeux, un regard tendre face aux autres enfants. Elle sait la valeur de la vie. Et elle la partage en ne cachant pas la différence de son garçon.

Et c'est ce qui me fascine des parents d'enfants ayant une déficience, un handicap quelconque. Ils ont souffert, mais ils se raccrochent. Et ce n'est pas un cliché. S'ils sourient aux gens qui passent, s'ils amusent les enfants des autres, c'est pour avoir la paix. C'est pour ne plus recevoir de commentaires, de questions impertinentes, de regards étranges et inquisiteurs. Car ces parents-là sont conscients de la vérité et ils voudraient qu'on la partage avec eux en silence. Pas en jugements.

Et c'est pour ça que dans les salles d'attente, je m'intéresse toujours aux enfants différents et je leur souris. Et oui, je me dis "taboire, y'a-tu vu la gueule???", mais je passe par-dessus. Car je vois l'enfant et surtout, la fierté des parents. Et l'espoir. Et je ne pose jamais de questions plates aux parents. Seulement l'âge. Et là, ça part des discussions qu'on voudrait continuer, mais c'est à ce moment que l'on se fait appeler au micro-des-rendez-vous-gagnants. Alors on se salue, on se fait des sourires et on espère se recroiser un de ces jours dans une autre salle d'attente.

Et on repart avec une conscience de plus sur l'improbabilité de la perfection. Le petit "Avatar" à l'énergie débordante est le septième cas recensé dans le monde entier. Et moi, j'ai eu la chance d'apprendre à le connaître et de voir à quel point il est aimé.

Peut-on en dire autant des enfants qu'on laisse seul dans la salle de jeu pendant que les parents sont allés se chercher un xième café parce que "câlisse, j'ai pas rien que ça à faire, moé, attendre après un docteur chose-là"...

Je comprends pourquoi X-Boy sourit dans les salles d'attente. Il comprend l'ironie de la vie. Et il sait qu'il a raison de ne pas s'en faire. Et que le mieux, c'est d'observer en silence.

1 commentaire:

  1. J'aime tellement te lire! T'as l'air toute douce et sereine dans tes écrits. Biens belles réflexions!

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